La solitude de la dépression Prénatale
Cette image du coq esseulé, perché sur le toit de cet immeuble… rien à voir avec son environnement habituel, plus haut, le ciel, les nuages (et ne sachant pas comment redescendre) est la parfaite métaphore de cet état, en tout cas de ce que j’ai vécu…
La femme enceinte semble être au sommet du monde car elle porte la vie… elle représente la splendeur de la féminité, de la puissance du féminin, elle est belle avec ses courbes légitimes… moi j’étais convaincue de cette image d’Épinal, j’étais persuadée que les femmes vivaient leurs best life enceinte… mais intérieurement, elle est bien seule avec toutes les métamorphoses qui opèrent en elle tant sur le plan psychologique que sur le plan physique où elle voit son corps se transformer, ce corps qui ne lui appartient plus totalement, l’impression de ne plus s’appartenir… et cette solitude face à tous ses sentiments car personne ou trop peu de personnes en parle…
Très vite, dès la fin du 3ème mois, le moment où tout le monde se détend en général, j’étais en état d’alerte constant, ma grossesse était qualifiée par le corps médical de « grossesse précieuse » (même si toutes le sont mais vu mon parcours…), j’étais comme pétrifiée par la peur de perdre mon bébé compte tenu de mon histoire et de la si longue attente (cf. Article en 10ans et une seule fois enceinte)… À cela, il faut ajouter les maux du 4eme mois (principalement la nausée du lever au coucher… un enfer… les citrons vert du jardin de mes amis ont aidé 🙏🏾), la métamorphose de mon corps (avec qui j’ai de base une histoire si compliquée…) et cette chère et tendre amie la culpabilité… je l’avais tellement désiré, tant attendu ce moment, être enfin enceinte… pourquoi n’étais je pas heureuse, pis, pourquoi j’étais triste, pourquoi je n’étais pas comme toutes les images des femmes enceintes véhiculées au top de leur féminité… à l’instar des récits d’amies qui me racontaient à quel point elles avaient kiffé être enceinte… j’avais même honte… j’ai commencé à me sentir de plus en plus mal, j’étais souvent triste, je pleurais, je n’osais en parlais par honte, je me sentais seule… je ne comprenais pas ce qui m’arrivait et puis un jour une discussion avec mon frère qui a légitimé mon ressenti, mes émotions et ça a tout changé… je me rappelle de ses mots… “ce sont des bullshits Stella cette image de la femme enceinte que tu as en tête, ce n’est pas ça la réalité… tu as le droit de ne pas aimer la grossesse, tu n’as pas à culpabiliser par rapport à ton parcours…” Pour la 1ere fois, je me sentais entendue, comprise, respecté dans mes ressenti et par conséquent, soutenue… Dans la foulée de cette conversation, mon frère m’a envoyé le lien d’un réel d’une super sage femme qui parlait de dépression prénatale, c’est la 1ere fois que j’entendais ce terme … (cf. reel ici). La connaissance ca aide, ça change beaucoup, ça m’a apaisé de savoir que je n’étais pas seule à vivre cela, que ce que je ressentais pouvait s’expliquer… Et j’ai commencé à en parler autour de moi car j’avais enfin les mots et la reconnaissance légitimite de prossionels de la santé, et là, la parole a commencé à se délier, d’autres amies ont commencé à me partager leurs experiences pas si idyllique de la grossesse, me dire qu’elle ont également trouvé ce moment difficile, qu’elles aussi s’étaient senties seules à cause du discours commun de la societe sur ce sujet…
Et puis cette semaine, en discutant grossesse et maternité avec une femme que j’admire, en lui partageant notamment ce que je viens de vous raconter, que je n’ai pas aimé ce moment, la grossesse… elle me disait qu’elle était étonnée au vu de mes images sur Instagram qui lui laissaient à penser tout autre chose, voire l’inverse… Pourtant, je n’ai jamais posté pendant ma grossesse mais apparement les photos de mon shooting grossesse (publiées bien après la naissance de mon bébé) véhiculent aussi l’image d’Epinal de la femme enceinte donc quand je lui ai expliqué que ce sont mes amies qui m’ont porté pour ce shooting car je n’étais pas bien, ni dans ma tête, ni dans mon corps… que je ne me trouvais pas jolie, ni pendant, ni après en visualisant les photos… elle était surprise…
J’ai réalisé grâce à cet échange que même moi je participe à la création de cette image d’Épinal de la femme enceinte ce qui a précipité le besoin de partager la réalité derrière les jolies images… l’un n’excluant pas l’autre…
Alors finalement, qu’est-ce qui m’a aidé et soutenu pendant ma grossesse : l’amour et la beauté !
L’amour de mes proches, de ma famille, de mes amies !
La beauté des liens (famille amis… blessing way), la beaute de la nature, m’émerveiller toujours et encore devant elle, tel un rempart, qui me soutien tant et puis créer du beau avec ma partner in crime (que ce soit en concevant la DA des t-shirts et collerettes de Sikbyannojah ou la DA de mon shooting grossesse) mood board de la collector pour la collection
D’ailleurs, un des plus beaux moments fut le blessing way organisé par ma très chère amie Malika avec la complicité de toutes les femmes de mon entourage (famille et amies) qui sont déjà maman…(Une baby shower était complètement exclue pour moi car pas ma vibes, trop en stress/superstitieuse pour ça et j’avais bien prévenu/terrorisé tout le monde lol pour ne pas avoir cette mauvaise surprise) . Un blessing way c’est un rituel organisé en l'honneur de la future maman. L'origine vient des Indiens Navajo d'Amérique du Nord. il s’agit d’une réunion de femmes déjà maman autour de la future maman, pendant laquelle on médite, on partage des témoignages, où la future maman peut poser des questions à celles qui sont déjà passées par là. À cette occasion, habituellement on n’offre pas de cadeaux, il s’agit d’une réunion spirituelle uniquement. Mon blessing way a eu lieu environ 1 mois avant mon accouchement, j’ai été soutenue par l’énergie, les témoignages et l’amour de toutes ces femmes maman, leurs jolis partages, la valeur de leurs transmissions, le sentiment d’avoir été accompagnée et entourée… et jusqu’au jour J, j’ai ressenti toute la puissance et toute l’énergie de ce cercle de femmes qui m’entourait, la beauté du lien… et la gratitude d’être si bien entourée !
Alors voilà pourquoi j’ai décidé de partager ce bout de mon histoire aujourd’hui…
Je suis d’abord persuadée que la connaissance a un pouvoir d’apaisement… et par ailleurs, même si on le sait tous, un reminder sur le fait qu’instagram n’est pas la réalité et qu’il ne faut jamais se fier à ce que l’on y voit (qu’une partie de l’iceberg, you know)… ce n’est jamais superflu donc si ce partage peut aider ne serait ce qu’une femme enceinte qui vit la même chose, si ça peut l’aide à se sentir moins seule alors j’aurais fait ma part (team petit colibri)…
Enfin, il ne s’agit que de mon expérience et bien heureusement toutes les femmes enceintes ne vivent pas la même chose mais ce partage c’est pour les autres… On se sait… je suis avec vous ! Ah et c’est quand même aussi un peu pour celles qui l’ont bien vécu ou le vivent bien, pour leur rappeler que chaque grossesse est unique… Et également pour les autres, les hommes, la société tout entière, rappeler à tous que chaque ressenti et émotion est à respecter encore plus chez la femme enceinte (et en postpartum mais on en reparlera…).
